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De façon contrintuitive, le baromètre de l’appétit pour le risque que constitue l’Euro, face au Dollar refuge, s’appréciait à un plus haut depuis le 10 décembre, alors les tensions sur le front de la géopolitique s’intensifiait, comme sur celui du commerce internationale.
Avec tout d’abord un gel de l’aide militaire à l’Ukraine – le Président américain n’ayant toujours pas digéré son altercation avec son homologue ukrainien vendredi dans le bureau Ovale. Et avec, d’autre part, la mise en application des droits de douane ce mardi de 25% pour les produits importés du Canada et du Mexique, à l’exception de l’énergie. Les droits de douane sur les produits importés de Chine sont pour leur part doublés, de 10% à 20%.
Aussi bien Ottawa que Pékin ont décidé de riposter en annonçant à leur tour des droits de douane. Les droits de douane américains sur les importations européennes devraient suivre prochainement.
“Le spectre d’une véritable guerre commerciale se profile à nouveau, menaçant d’étouffer la croissance économique mondiale au moment même où les investisseurs commençaient à reprendre confiance”, commente Stephen Innes de Spi AM.
Pour autant, malgré les risque inhérents d’un retour de l’inflation outre Atlantique, le 10 ans américain était en nette en baisse, l’écart se réduisant avec ses bases de comparaison en Europe. Les Treasuries 10 years plongeait même sous les 4,15% à l’heure où nous rédigeons ces lignes. Et ce après une série d’indicateurs économiques décevants depuis la mi-janvier.
Romane Ballin, gérante obligataire d’Auris Gestion, comment cette relative dégradation. “Les signaux sont nombreux : les dépenses de consommation des ménages dans l’indicateur PCE se sont repliées en janvier (-0,5% en glissement mensuel en volume) et la confiance des consommateurs du Conference Board de février est ressortie en nette baisse à 98,3 (vs 105,3 en janvier). La dynamique économique apparait ainsi de plus en plus fragile : l’indicateur GDP Now de la Fed d’Atlanta anticipe une contraction du PIB au 1er trimestre de -1,5% en rythme annualisé ! Même si une grande partie de ce chiffre négatif provient de la dégradation récente de la balance commerciale en amont de l’officialisation des droits de douane, il n’est pas exclu que la Fed opte finalement pour une politique monétaire plus accommodante que prévu…ce qui ne serait pas pour déplaire à un certain D. Trump…”
Pour rappel, les Etats-Unis restent sur une série d’indicateurs statistiques économiques décevants. L’indice de confiance des consommateurs (Conference Board) est en particulier repassé sous la barre des 100 points, venant appuyer le scénario d’un point d’inflexion de l’économie américaine, dont la santé reste au demeurant encore très bonne. Mais une succession d’indicateurs (ventes au détail, U-Mich, ou encore les baromètres PMI) suggèrent un très léger refroidissement de la machine économique, que l’application de droits de douane relevés brutalement pourrait gripper davantage.
Lundi, les cambistes ont pris connaissance du PMI manufacturier en données finales pour février, à 47,6 points légèrement au-dessus des attentes grâce à une composante allemande qui a agréablement surpris à 46,5, bien qu’encore nettement sous la barre des 50 points.
“Les dernières données PMI mettent toutefois en évidence les prémices d’une amélioration de la conjoncture en milieu de premier trimestre : les nouvelles commandes ont en effet affiché leur plus faible baisse depuis mai 2022 et la production s’est rapprochée de la stabilisation. Ainsi, après quasiment trois années de récession, il semble que le secteur puisse renouer avec une très légère croissance au cours des prochains mois, tendance que devraient favoriser la constitution rapide d’un gouvernement en Allemagne, une scène politique plus stable en France et un accord sur les tarifs douaniers avec les États-Unis”, a commenté Dr. Cyrus de la Rubia, Chef économiste à la Hamburg Commercial Bank.
Outre Atlantique, le PMI ISM est ressorti à 50,3, très proche de la barrière des 50 points qui par construction, sépare une contraction (en dessous) d’une expansion (au-dessus) du secteur considéré.
De ce côté-ci de l’Atlantique, la Banque Centrale européenne achèvera cette semaine un nouveau Conseil des Gouverneurs. La société de gestion d’actifs allemande DWS s’attend à ce “que la Banque centrale européenne (BCE) abaissera une nouvelle fois son taux de dépôt de 25 points de base pour le porter à 2,50 % en mars, marquant ainsi sa sixième baisse consécutive. Cependant, la marge de manœuvre pour de nouvelles réductions rapides semble se restreindre. Les avis au sein de la BCE sont de plus en plus partagés sur le nombre de baisses de taux à attendre dans les mois à venir, leur rythme d’application et la question de savoir si la politique monétaire actuelle est déjà restrictive.”
La Banque Centrale basée à Francfort pourra se baser sur les derniers indices des prix à la consommation publiés hier. Les prix hors éléments volatils sont ressortis en février en hausse de 2,6% en rythme annuel, contre un consensus à 2,5%. Les économistes de Nomura ont apporté les éclairages suivants:
“L’inflation des services est tombée à 3,7 % en glissement annuel, son niveau le plus bas depuis deux ans et demi. Toutefois, les prix des services ont augmenté et, au cours des trois derniers mois, ils ont progressé à un rythme qui serait trop élevé pour que l’inflation de base atteigne 2 %.”
“Cela pourrait jouer en faveur de ceux qui, au sein de la BCE, se demandent jusqu’où les taux d’intérêt peuvent descendre. Nous continuons de prévoir des taux à 1,75 % d’ici septembre, soit légèrement en dessous de notre objectif de neutralité. Mais cela nécessiterait des nouvelles plus faibles concernant l’IPCH. L’inflation restera au coeur de nos préoccupations dans les prochains mois.”
Publié en fin de matinée par EuroStat, le taux de chômage en Zone Euro, attendu stable à 6,3%, est ressorti en baisse à 6,2% de la population active.
A la mi-journée sur le marché des changes, l’Euro se traitait contre 1,0510$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La moyenne mobile à 50 jours (en orange) continue de constitue une barrière technique et graphique solide. A plus court terme, c’est même son homologue à 20 jours (en bleu foncé) qui officie en tant que résistance dynamique. Et ce sans que l’oscillateur RSI ne se positionne en zone de survente. Dans l’immédiat, la paire de devises trace, en partie haute des bandes de Bollinger, une structure négative en harami. Une fois la parité parfaite atteinte, à savoir 1$ pour un €, une énergique réaction acheteuse de contestation pourra alors se mettre en place.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d’entrée est à 1.0557 USD. L’objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0001 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.0701 USD.
L’espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 556 pips et le risque de perte s’établit à 144 pips.
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES

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