La société spécialisée dans les stablecoins, Circle, a déposé une demande pour créer une banque fiduciaire nationale aux États-Unis, marquant une étape majeure après son introduction en bourse spectaculaire qui a valorisé l’entreprise à près de 18 milliards de dollars plus tôt ce mois-ci.
Si la charte est accordée par l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC) américain, Circle serait autorisée à agir en tant que dépositaire pour ses propres réserves et à conserver des actifs cryptographiques au nom de clients institutionnels. Contrairement aux banques traditionnelles, cette licence n’autoriserait toutefois pas Circle à accepter des dépôts en espèces ni à octroyer des prêts.
« Circle a toujours cherché à atteindre les plus hauts standards en matière de confiance, de transparence, de gouvernance et de conformité », a déclaré le PDG Jeremy Allaire lors d’un entretien avec Reuters. « Devenir une entreprise cotée en bourse est une étape significative, et devenir une banque fiduciaire nationale s’inscrit dans cette continuité. »
L’entité bancaire fiduciaire nationale de Circle porterait le nom de First National Digital Currency Bank, N.A.
À ce jour, la plateforme crypto Anchorage Digital est la seule entreprise d’actifs numériques à disposer d’une charte de banque fiduciaire nationale.
Circle est l’émetteur du stablecoin USDC, adossé au dollar. Les stablecoins, une catégorie de cryptomonnaies conçues pour maintenir une valeur constante, généralement indexée sur le dollar à un ratio de 1:1, sont couramment utilisés par les traders pour transférer des fonds entre différents jetons. Leur utilisation a connu une croissance rapide ces dernières années, et leurs partisans estiment qu’ils pourraient permettre d’effectuer des paiements instantanés.
Les stablecoins sont garantis par des actifs tels que des dollars américains et des bons du Trésor à court terme afin de maintenir leur parité avec le dollar. Actuellement, les réserves de Circle — composées de bons du Trésor américain à court terme, d’accords de rachat au jour le jour et de liquidités — sont conservées en dépôt chez BNY et gérées par BlackRock.
La nouvelle entité serait chargée de la gestion des réserves d’USDC de Circle, bien qu’une partie de ces réserves continuera d’être conservée auprès de grandes banques, a précisé Jeremy Allaire.
La licence permettrait également à Circle d’offrir des services de conservation d’actifs numériques pour des clients institutionnels. Toutefois, Allaire a indiqué que l’accent serait mis sur la conservation d’actifs tels que des actions et des obligations représentés sous forme de jetons sur une blockchain, plutôt que sur les cryptomonnaies traditionnelles comme le bitcoin ou l’ether.
Vers une adoption généralisée
Cette initiative de Circle intervient alors que le Congrès américain s’apprête à adopter une loi visant à instaurer un cadre réglementaire fédéral pour les stablecoins. Si elle est promulguée, cette législation exigerait que les jetons soient adossés à des actifs liquides et que les émetteurs publient chaque mois la composition de leurs réserves.
Le Sénat a adopté le projet de loi plus tôt ce mois-ci, et la Chambre des représentants devrait l’approuver au début de l’été.
Le président américain Donald Trump est attendu pour promulguer la loi. Il s’est engagé à réformer la réglementation des cryptomonnaies après avoir sollicité des financements auprès du secteur lors de sa campagne présidentielle.
Une fois la loi adoptée, elle pourrait ouvrir la voie à une adoption plus large des stablecoins par les institutions financières traditionnelles et les commerçants, estiment experts et analystes. Circle se prépare à cette éventualité, selon Allaire.
« Nous passons de la phase d’adoption précoce de cette technologie à une adoption grand public », affirme Jeremy Allaire. « En tant qu’entreprise cotée, et si nous obtenons l’approbation de l’OCC pour devenir une banque fiduciaire nationale, cela nous offrira une base solide sur laquelle les plus grandes institutions mondiales pourront s’appuyer. »
Les courtiers de Wall Street ont entamé lundi la couverture de Circle avec des recommandations globalement optimistes, même si certains analystes ont exprimé des réserves quant à la valorisation élevée de l’action, qui a plus que doublé depuis ses débuts en bourse.
Barclays, Bernstein, Canaccord Genuity et Needham ont lancé leur suivi avec des recommandations équivalentes à « acheter » et des objectifs de cours supérieurs à 200 $, tandis que JPMorgan et Goldman Sachs se montrent plus prudents.
