Les marchés boursiers européens ont basculé dans le rouge et le dollar a creusé ses pertes vendredi, après l’annonce de Pékin d’une hausse à 125% de ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains, nouvelle étape de l’escalade entre les deux puissances mondiales.
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Après une ouverture en hausse, vers 08H40 GMT, Francfort cédait finalement 1,38%, Paris 0,85%, et Milan 1,37%. Londres cédait 0,34%.
Les investisseurs sont «préoccupés par les incertitudes liées à la guerre commerciale» et «l’impact potentiel sur la croissance économique, l’inflation et l’emploi», explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi porter ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux taxes de 145% imposées par la Maison Blanche cette semaine sur les importations chinoises.
«L’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international» a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État, dans un communiqué.
Pékin, qui a toutefois précisé qu’il «ignorera» toute réplique des Etats-Unis en matière de droit de douane, a aussi lancé une procédure auprès de l’OMC contre les surtaxes américaines, selon un média d’Etat.
Dans ce contexte de tension, les marchés craignent «un découplage économique désordonné entre les deux plus grandes économies du monde», relèvent les analystes de la Deutsche Bank.
Le roi dollar creuse ses pertes, l’or surplombe
Le dollar s’effrite de jour en jour, à des niveaux plus observés depuis plusieurs années, en souffrance face à l’escalade commerciale et les revirements de Trump, dont la politique sape la crédibilité américaine auprès des acteurs du marché des changes.
Depuis un mois, le billet vert, longtemps vu comme un actif de confiance, a perdu plus de 5% par rapport à la monnaie unique européenne.
Après l’annonce de Pékin vendredi, il continuait de chuter, perdant 2,10% à 1,1432 dollar pour un euro, à un plus bas niveau en plus de trois ans vers 8H40 GMT.
Les monnaies refuge, comme le franc suisse (+1,29% à 1,2294 dollar) et le yen (+1,49% à 142,38 yens pour un dollar), montaient fortement.
Plus globalement, ce sont tous les actifs américains qui sont victimes du désamour des investisseurs depuis plusieurs jours. «Actuellement, on peut avoir l’impression que les États-Unis ne savent plus ce qu’ils font», explique Andreas Lipkow, analyste indépendant.
Les emprunts d’Etat sont en effet délaissés, ce qui a provoqué une hausse de leur taux d’intérêt.
Le rendement de l’obligation à dix ans américain, référence, se situait vers 08H40 GMT, à 4,42%, contre 4,43% la veille en clôture et 4,50% mercredi, après l’entrée en vigueur des surtaxes douanières de Donald Trump. Début avril, il évoluait autour de 4,20%.
En revanche, le grand gagnant du chamboule-tout financier des derniers jours est l’or. L’actif s’est hissé vendredi à un nouveau record historique, à 3220 dollars l’once. Vers 8H45 GMT, il évoluait à 3217,09 dollars.
Les investisseurs craignent de plus en plus que les «différends commerciaux prolongés fassent basculer l’économie mondiale dans la récession», estime John Plassard.
De fait, «la guerre commerciale sino-américaine pourrait s’intensifier au-delà de ces deux pays, avec des conséquences plus vastes sur le commerce mondial», abonde Daniela Sabin Hathorn, du courtier Capital.com.
Côté européen, Bruxelles pourrait taxer les géants américains de la tech si des négociations ne parviennent pas à mettre fin à la guerre commerciale, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans une interview au Financial Times.
Le président américain a certes suspendu jeudi pendant 90 jours une partie des surtaxes à l’importation contre des dizaines de pays, mais a en effet maintenu des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.
Le pétrole résilient
Après avoir pâti cette semaine des inquiétudes sur la demande mondiale, le pétrole tentait un léger rebond: vers 08h40 GMT, le baril de WTI américain gagnait 0,46% à 60,35 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord 0,40% à 63,58 dollars.
