Les États-Unis et la Chine vont suspendre pendant 90 jours une partie de leurs droits de douane mutuels, « d’ici le 14 mai », le temps de négocier, ont annoncé, lundi 12 mai 2025, la Maison-Blanche et Pékin dans un communiqué commun, au lendemain de deux jours de tractations. Durant cette pause, les deux pays « vont abaisser » temporairement de « 115 » points leurs droits de douane, a indiqué le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent lors d’un point de presse à Genève, en Suisse.
À savoir, côté américain, une baisse de 145 à 30 % des droits de douane sur l’importation de produits chinois aux États-Unis, instaurés progressivement par Donald Trump, et de 125 à 10 % sur les produits américains, côté chinois. Les tractations entre les États-Unis et la Chine avaient débuté samedi à Genève.
Des « progrès substantiels »
L’annonce de cette trêve a immédiatement soulagé les marchés financiers. La bourse de Hong Kong, par exemple, a bondi de plus de 3 % dans les minutes suivant la publication du communiqué. Le dollar s’est aussi repris face au yen et à l’euro.
« Nous avons conclu que nous avons un intérêt commun. Le consensus entre les deux délégations est qu’aucune des deux parties ne souhaite un découplage » de leurs économies, a commenté, lundi, Scott Bessent. Dans un communiqué, la Chine a, elle, salué des « progrès substantiels », qui vont « dans l’intérêt commun du monde ».
Les deux pays « ont intérêt à avoir des échanges commerciaux équilibrés, et c’est ce vers quoi les États-Unis vont tendre », a estimé le secrétaire américain au Trésor, appelant la Chine à « s’ouvrir à davantage de biens américains ».
« En réalité, la Chine a des droits de douane peu élevés. Ce sont ces barrières non tarifaires, plus insidieuses, qui nuisent aux entreprises américaines qui veulent y faire des affaires », a souligné un peu plus tard Scott Bessent dans une interview à la chaîne CNBC.
Lors d’une conférence de presse, à la Maison-Blanche, lundi, le président américain Donald Trump a dit s’attendre à parler « peut-être à la fin de la semaine » avec son homologue chinois Xi Jinping, se félicitant d’être « parvenu à une remise à zéro » des relations « avec la Chine après des discussions productives à Genève ».
« Travailler de façon constructive » sur la crise du fentanyl
Selon Jamieson Greer, le représentant au commerce extérieur des États-Unis, qui participait également à ses tractations, la Chine a aussi convenu de « travailler de façon constructive » sur la crise du fentanyl, un puissant opioïde de synthèse, qui fait des ravages depuis quelques années en Amérique du Nord, à l’origine de la mort de plus 70.000 personnes aux États-Unis en 2023.
Donald Trump avait en partie justifié ses droits de douane contre la Chine en affirmant vouloir réduire la quantité de cette drogue arrivant aux États-Unis. Le fentanyl est principalement importé dans le pays et au Canada depuis le Mexique par les cartels mexicains qui le produisent. Ceux-ci dépendent en effet de la Chine pour certains composants chimiques, connus sous le nom de « précurseurs », essentiels à leur fabrication.
Les négociations à venir entre la Chine et les États-Unis seront de nouveau conduites par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le vice-premier ministre chinois He Lifeng et le représentant au commerce extérieur des États-Unis Jamieson Greer.